Le conflit sous acromial

Le conflit sous acromial correspond à une diminution de l’espace entre l’acromion et la tête de l’humérus, piégeant ainsi les tendons de la coiffe des rotateurs.

Le frottement répété pourra entrainer une inflammation douloureuse de la bourse sous acromiale (la bursite), du tendon (la tendinite), voir même une lésion vraie de la coiffe des rotateurs. Ce conflit sous-acromial est le plus souvent lié à une forme agressive de l’acromion, du ligament coraco-acromial et/ou de l’articulation acromio-claviculaire. Il peut également être la conséquence d’une défaillance musculaire ou d’un surmenage transitoire de l’épaule.

Il existe 2 types de conflits pouvant toucher l’épaule, le conflit primaire (ou mécanique) en rapport avec un acromion agressif et le conflit secondaire lié à une dysfonction ou un déséquilibre musculaire.

1 – Le conflit primaire mécanique

L’acromion agressif est à l’origine du conflit, il réduit l’espace physiologique entre la tête de l’humérus et lui-même, lieu de passage des tendons de la coiffe des rotateurs et de la bourse sous acromiale. C’est directement la forme de l’os qui va provoquer ce caractère agressif ou non.

3 formes d’acromion ont été décrites par BIGLIANI :

  • La forme plate (type 1) dans 17 % des cas,
  • La forme incurvée (type 2) dans 43 % des cas,
  • La forme crochue (type 3) dans 40 % des cas.

2-Le conflit secondaire acquis

Il s’agit d’une défaillance quantitative ou qualitative du complexe musculo-tendineux de l’épaule entrainant un défaut de centrage de celle ci. Le plus souvent un déficit des muscles abaisseurs de l’épaule par rapport aux muscles élévateurs provoque une surélévation de celle-ci entrainant le conflit avec l’acromion.

Diagnostic

  • Clinique

1 – La douleur :

C’est le symptôme principal du conflit sous acromial, essentiellement lors des mouvements d’élévation active du bras. Elle pourra également survenir au repos ou la nuit et irradier dans le bras, l’avant-bras, la main et le cou. Les douleurs de repos sont souvent liées à une bursite ou une tendinite de la coiffe des rotateurs qui vient compliquer le conflit sous acromial.

En cas de douleurs chroniques, des phénomènes de contracture musculaire peuvent également survenir, touchant le muscle trapèze, le  muscle grand dorsal voire le muscle grand pectoral et provoquant de grandes douleurs.

2 – Les frottements ou claquements

Il s’agit de sensation d’accrochage de l’épaule lors des mouvements d’élévation. Ces légers craquements correspondent au frottement des tendons de la coiffe des rotateurs contre la face profonde de l’acromion. Ces frottements peuvent être accompagnés de douleur ou non.

3 – L’impotence fonctionnelle

C’est la gène ou l’incapacité plus ou moins complète à se servir de son épaule et son bras, soit à cause de la douleur, soit par impossibilité mécanique. Une impotence d’origine douloureuse sera souvent le témoin d’une tendinite ou d’une bursite, alors qu’une impotence mécanique peut être le reflet d’une rupture tendineuse.

Ces symptômes cliniques se manifestent le plus souvent au court de l’élévation latérale du bras entre 70° et 90°.

Paraclinique

1- Radiographie

Elle permet souvent de faire le diagnostic, lors d’une diminution de l’espace sous l’acromion. Elle permet  également, sur la radiographie de profil, de visualiser la forme plus ou moins agressive de l’acromion (voir classification de bigliani)

2 – Echographie 

Elle permet de façon plus ou moins fiable de diagnostiquer une tendinite, une bursite, voire des lésions superficielles ou profondes de la coiffe des rotateurs qui peuvent accompagner le conflit sous acromial.

3 – L’arthroscanner et l’IRM 

Il s’agit des 2 examens de références de l’épaule, avec une prédominance pour l’arthroscanner en terme de diagnostic. Ils nous permettent de visualiser de façon précise le conflit sous acromial mais également les éventuelles lésions associées de la coiffe des rotateurs et notamment leur caractère transfixiant ou non.

Traitement

1-Traitement médical et fonctionnel

Il sera primordial d’identifier et de réaliser une éviction de la cause du conflit de façon au moins transitoire. En effet le début des douleurs fait souvent suite à des efforts sportifs, du bricolage ou des mouvements répétitifs. Il faudra donc éviter ces mouvements douloureux sous peine de récidive ou d’inefficacité d’un traitement médical bien conduit.

  • Le traitement médical repose le plus souvent sur les antalgiques de niveau 1 ou 2 (paracétamol, tramadol, codéine).
  • Les anti-inflammatoires sont particulièrement efficaces en réduisant  l’inflammation, conséquence du conflit. Ils peuvent être administrés par voie générale en comprimés ou sous forme d’infiltration intra-articulaire ou sous acromial.
  • La rééducation ou kinésithérapie a pour objectif de diminuer les douleurs liées au conflit par les massages, la cryothérapie, la mésothérapie.
  • Mais également le travail de décoaptation et de recentrage de l’épaule, indispensable pour éviter les récidives à court terme des phénomènes douloureux.

 2-Traitement chirurgical

C’est l’acromioplastie, geste chirurgical réalisé sous arthroscopie, consistant à « raboter » la face profonde de l’os acromial. Il a pour but de décomprimer et redonner l’espace suffisant entre la tête de l’humérus et l’acromion, supprimant ainsi le conflit. Cette arthroscopie permet dans le même temps de réaliser une bursectomie (nettoyage des tissus inflammatoires) et de vérifier l’absence de lésion des tendons de la coiffe des rotateurs.

L’arthroscopie est une chirurgie orthopédique mini-invasive, permettant à l’aide de 2 ou 3 incisions (d’environ 1cm) de passer une camera dans l’articulation et effectuer le geste chirurgical.

  • Le caractère mini-invasif diminue les risques de saignement, d’infections post-opératoires, de lésions musculaires et permet également une récupération fonctionnelle plus rapide.
  • Les cicatrices sont a terme quasi invisibles.
  • L’intervention de l’épaule a lieu dans la majorité des cas en chirurgie ambulatoire, permettant un retour au domicile le jour même.

3-Immobilisation et rééducation

Une attelle coude au corps est habituellement mise en place pendant une durée de 15 jours à 1 mois selon les douleurs. Cette attelle doit être gardée en permanence jour et nuit, sauf pour la toilette et lors des séances de rééducation.

La rééducation est le plus souvent débutée vers le 2éme ou 3éme jour post-opératoire, elle commence par des exercices d’auto-mobilisation puis le relai est pris avec le rééducateur.

Un rendez-vous de contrôle avec le chirurgien est prévu à 1 mois post-opératoire.